Interview de Sophie Sidos-Vicat
À l’occasion du bicentenaire de l’invention du ciment artificiel, la Fondation d’entreprise Louis Vicat a vu le jour. Sophie Sidos-Vicat, sa présidente et représentante de la 7e génération de descendants de Louis Vicat, présente cette Fondation dédiée à la transmission et à la poursuite de l’œuvre de son aïeul à travers des actions s’inscrivant dans la valorisation de ses découvertes et les valeurs ayant nourri ses engagements multiples.
Pourquoi cette Fondation Louis Vicat ?
Sophie Sidos-Vicat : Forts de plus de 160 ans d’histoire, nous sommes aujourd’hui en France le seul cimentier encore familial et avons souhaité la création d’une Fondation d’entreprise attachée au devoir de mémoire. Depuis de nombreuses années, je portais ce projet en moi. L’année du bicentenaire de l’invention du ciment artificiel nous a semblé être le bon moment pour le concrétiser. Le nom de la Fondation est apparu comme une évidence : Louis Vicat a tellement marqué l’histoire des sciences ! Son œuvre scientifique est indissociable de ses très nombreux engagements professionnels et personnels qui méritent d’être mieux connus tant ils peuvent aujourd’hui continuer à nous porter sur la voie du progrès dans un monde en profonds bouleversements. La Fondation s’est donnée comme objectif de poursuivre l’œuvre de Louis Vicat, un homme complet à la fois inventeur, peintre, théologien… Nous allons effectuer un travail de mémoire tourné autour du ciment afin de faire vivre cet héritage exceptionnel dont nous sommes les dépositaires.
Comment la Fondation va-t-elle fonctionner pour atteindre son objectif principal ?
S.S.V. : Le Conseil d’administration, qui se réunit deux à trois fois par an, a défini trois missions principales d’intérêt général. Tout d’abord, nous voulons promouvoir la culture scientifique et technique à partir de l’œuvre de Louis Vicat : sur le ciment bien évidemment, un matériau qui continue de s’adapter aux évolutions de la société et reste au cœur de la construction et du développement urbain, mais aussi sur le béton. Autre axe de travail, la Fondation entend sauvegarder le patrimoine exceptionnel construit à partir du ciment. Nous ne sommes pas là pour lancer des chantiers de restauration et de rénovation des ouvrages. Mais notre rôle doit consister à mettre en lumière ce patrimoine. Enfin, nous souhaitons accompagner des actions en faveur de l’éducation et de la solidarité, notamment au sein du Lycée polyvalent et des métiers de la construction Louis Vicat situé à Souillac. Cet établissement scolaire forme des jeunes à l’architecture, aux postes d’installateur thermique, de techniciens du bâtiment, autant de publics réceptifs à un discours de qualité sur le matériau-ciment. Pour remplir ses missions, la Fondation dispose de moyens financiers limités, mais cela ne nous empêchera pas de conduire plusieurs actions fortes. Car transmettre n’est pas une question de moyens, mais de volonté, d’engagement.
Quelles sont les premières actions menées par la Fondation ?
S.S.V. : Nous avons acquis auprès de l’État la maison où vécut Louis Vicat à Souillac et où il fit sa découverte du ciment artificiel, avec l’objectif de lui redonner vie et de la transformer dès cette année en un musée public. Une fois rénovée, cette bâtisse située au 10 rue du Pont deviendra un lieu de mémoire dédié à l’invention du ciment artificiel et à son inventeur. Nous souhaitons notamment valoriser son four à pain dans lequel Louis Vicat a procédé à de nombreux essais pour trouver la bonne formulation du ciment artificiel. À Souillac également, la Fondation a animé des conférences au Lycée Louis Vicat, ainsi que des actions de solidarité et d’enseignement. En parallèle, nous sommes devenus partenaires de la Fondation Jacques Rougerie dans le cadre du concours international d’architecture ouvert aux architectes, designers et ingénieurs audacieux ayant imaginé des solutions inédites pour relever les défis des changements climatiques en cours. Dans la catégorie Architecture de la mer, le prix Louis Vicat a été remis le 18 janvier dernier à l’Institut de France à Paris pour son travail sur les ports du futur. Nous avons aussi soutenu le travail de création de l’artiste rocailleur Marc Olson dans la réalisation d’une mandorle en ciment naturel Prompt représentant Saint Irénée, qui a été offerte à l’Université catholique de Lyon.
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